Un enlèvement à Paris en 1627
marchaldesalm, jeudi 29 juin 2006 - 18:00:00
"factum du procès criminel instruit à la requête et poursuite de M. Maître Michel SARRUS, conseiller du roi en sa cour de parlement, tant en son nom que comme tuteur de demoiselle Geneviève SARRUS sa soeur, âgée de 15 à 16 ans seulement, demandeur et accusateur en crime de rapt et enlèvement de ladite Geneviève SARRUS contre Claude de BOHAN, soi-disant baron de Nanteuil la Fosse, demoiselle Charlotte BOILLEAU, veuve de Maître Guillaume MESNAGER, Françoise MENON, sa servante, les nommés MAUCLERC, le page dudit BOHAN, LONGCHAMP, son valet de chambre, Sébastien LE GRIS, son cocher, Jacques SPIC et Gervais dit LE ROUSSEAU, ses laquais, un homme de grande stature de l'âge de 30 ans ayant barbe noire, un autre sans barbe de l'âge de 23 ans ayant poil châtain et Magdelaine BROSSART, servante de ladite demoiselle Geneviève SARRUS, tous défaillants, fugitifs et contumas ............ enlèvement fait avec port d'armes de sa soeur mineure d'entre les mains de demoiselle Antoinette LE PRESTRE, sa femme et autres demoiselles ses parentes par ledit de BOHAN et ses complices, favorisés et confortés par la trahison, déloyauté et ingratitude de ladite BOILLEAU, veuve de Maître Guillaume MESNAGER qui l'a malicieusement conduite au milieu des embuscades des ravisseurs, l'a leur a livrée et est allée avec eux ...........
Après le Maître François SARRUS, trésorier des Maisons de Monseigneur le cardinal duc de JOYEUSE, Madame la duchesse de GUISE et Mademoiselle de MONTPENSIER (qui depuis a été femme et épouse de Monseigneur de France). Lequel Maître François SARRUS, de son vivant avait marié le demandeur avec ladite demoiselle Antoinette LE PRESTRE et demoiselle Marie SARRUS sa fille aînée, à présent, avec Maître François DUGU, conseiller du roi en ses conseils, maître ordinaire de son hôtel et en sa chambre des comptes.
Le demandeur fut élu tuteur de ses autres frères et soeurs, Maître Nicolas SARRUS son frère est à présent conseiller du roi, secrétaire et contrôleur général de l'extraordinaire des guerres, François SARRUS son autre frère est en bas âge, demoiselle Anne SARRUS sa soeur, à présent a été mariée avec Maître François DARGOUGES, sieur de Tillevault, conseiller du roi et trésorier de la reine, et la dernière nommée Geneviève, qui n'est encore à présent âgée de 16 ans, lui a été ravie par les défaillants ........... Maître Guillaume MESNAGER et ladite Charlotte BOILLEAU sa femme, voisins du demandeur à Paris et aux champs ont eu tout accès et familiarité en sa maison et sans reproche (jusqu'alors)............. retiré avec toute sa famille pour passer les vacations en une maison qu'il a sise au village d'Issy.
Le samedi 9 octobre (1627), jour de fête de Saint Denis, était parti dès les 7 h00 du matin accompagné dudit sieur SARRUS contrôleur son frère pour aller à Paris à dessein d'y retourner le même jour. Ladite BOILLEAU vint en ladite maison sur les 8 à 9 h00, pressa de faire dire la messe et après avoir déjeuné avec toute la compagnie qu'il y avait proposa une promenade du côté de la rivière ............
La dite demoiselle Antoinette LE PRESTRE ayant cheminé quelque espace avec ladite BOILLEAU fut étonnée qu'elle se vit abordée dudit de BOHAN et ses complices, armés d'épées, carabines et pistolets les uns à cheval, les autres à pied et que ledit de BOHAN lui dit qu'il y avait longtemps qu'il attendait cette occasion que ladite demoiselle Geneviève SARRUS lui avait promis le mariage et qu'il était venu pour l'emmener.
Ledit de BOHAN lui donna un coup sur le bras (pour lui faire lâcher prise car elle tenait sa jeune belle-soeur), se saisit de ladite demoiselle Geneviève SARRUS et monta à cheval. Ladite BOILLEAU et sa servante suivirent le ravisseur avec sa proie, entrèrent dans un bateau qui les attendait exprès pour passer la rivière du côté d'Auteuil et de là dans un carosse attelé de 6 chevaux (cet enlèvement eut lieu sur le midi sur le grand chemin de Paris à Saint-Cloud vis-à-vis du village d'Issy, ils s'enfuirent par Senlis, Dampmartin, La Ferté-Millon et Fismes pour se réfugier à Rocroi près de la frontière) cote 4-FM-21108 (bis, 8 ) , bibliothèque nationale, département des imprimés (plusieurs exemplaires), à la suite se trouve :
sentence de M. le prévôt de Paris ou de M. le lieutenant criminel contre Claude de BOHAN, soi-disant baron de Nanteuil, demoiselle Charlotte BOILLEAU et autres complices pour raison du rapt commis de la personne de demoiselle Geneviève SARRUS, âgée de 15 à 16 ans (par laquelle) Louis SEGUIER, chevalier, baron de Saint-Brisson, garde de la prévôté et vicomté de Paris condamne le samedi 27 novembre 1627 Claude de BOHAN à avoir la tête tranchée sur un échafaud dressé en place de Grève, les domestiques et les femmes à être pendus et étranglés ......... déclare le prétendu mariage si contracté, nul et si aucuns enfants procédant de leur fait bâtards, illégitimes et incapables d'aucunes successions, directes ou collatérales ........... et ledit jour ils ont été exécutés en effigie en tableaux mis sur des potences dressées en la place de Grève et au bout du Pont Neuf (le père de Claude de BOHAN est intervenu pour son fils disant que la demoiselle Geneviève SARRUS était consentante) note :
le texte est conforme aux pièces originales, les commentaires qui ont pour but d'apporter des éclaircissements sont en italique Un factum est un mémoire imprimé qui résume les éléments présentés par les parties devant un tribunal. La mention des couleurs de poil et barbe des domestiques les met au même rang que les vaches et chevaux que l'on distinguait de la sorte.
Eric Marchal de Salm
Cet article est de Lorraine 3 Frontières L3FR
( https://l3fr.org/l3fr/e107_plugins/content/content.php?content.112 )
marchaldesalm, jeudi 29 juin 2006 - 18:00:00
"factum du procès criminel instruit à la requête et poursuite de M. Maître Michel SARRUS, conseiller du roi en sa cour de parlement, tant en son nom que comme tuteur de demoiselle Geneviève SARRUS sa soeur, âgée de 15 à 16 ans seulement, demandeur et accusateur en crime de rapt et enlèvement de ladite Geneviève SARRUS contre Claude de BOHAN, soi-disant baron de Nanteuil la Fosse, demoiselle Charlotte BOILLEAU, veuve de Maître Guillaume MESNAGER, Françoise MENON, sa servante, les nommés MAUCLERC, le page dudit BOHAN, LONGCHAMP, son valet de chambre, Sébastien LE GRIS, son cocher, Jacques SPIC et Gervais dit LE ROUSSEAU, ses laquais, un homme de grande stature de l'âge de 30 ans ayant barbe noire, un autre sans barbe de l'âge de 23 ans ayant poil châtain et Magdelaine BROSSART, servante de ladite demoiselle Geneviève SARRUS, tous défaillants, fugitifs et contumas ............ enlèvement fait avec port d'armes de sa soeur mineure d'entre les mains de demoiselle Antoinette LE PRESTRE, sa femme et autres demoiselles ses parentes par ledit de BOHAN et ses complices, favorisés et confortés par la trahison, déloyauté et ingratitude de ladite BOILLEAU, veuve de Maître Guillaume MESNAGER qui l'a malicieusement conduite au milieu des embuscades des ravisseurs, l'a leur a livrée et est allée avec eux ...........
Après le Maître François SARRUS, trésorier des Maisons de Monseigneur le cardinal duc de JOYEUSE, Madame la duchesse de GUISE et Mademoiselle de MONTPENSIER (qui depuis a été femme et épouse de Monseigneur de France). Lequel Maître François SARRUS, de son vivant avait marié le demandeur avec ladite demoiselle Antoinette LE PRESTRE et demoiselle Marie SARRUS sa fille aînée, à présent, avec Maître François DUGU, conseiller du roi en ses conseils, maître ordinaire de son hôtel et en sa chambre des comptes.
Le demandeur fut élu tuteur de ses autres frères et soeurs, Maître Nicolas SARRUS son frère est à présent conseiller du roi, secrétaire et contrôleur général de l'extraordinaire des guerres, François SARRUS son autre frère est en bas âge, demoiselle Anne SARRUS sa soeur, à présent a été mariée avec Maître François DARGOUGES, sieur de Tillevault, conseiller du roi et trésorier de la reine, et la dernière nommée Geneviève, qui n'est encore à présent âgée de 16 ans, lui a été ravie par les défaillants ........... Maître Guillaume MESNAGER et ladite Charlotte BOILLEAU sa femme, voisins du demandeur à Paris et aux champs ont eu tout accès et familiarité en sa maison et sans reproche (jusqu'alors)............. retiré avec toute sa famille pour passer les vacations en une maison qu'il a sise au village d'Issy.
Le samedi 9 octobre (1627), jour de fête de Saint Denis, était parti dès les 7 h00 du matin accompagné dudit sieur SARRUS contrôleur son frère pour aller à Paris à dessein d'y retourner le même jour. Ladite BOILLEAU vint en ladite maison sur les 8 à 9 h00, pressa de faire dire la messe et après avoir déjeuné avec toute la compagnie qu'il y avait proposa une promenade du côté de la rivière ............
La dite demoiselle Antoinette LE PRESTRE ayant cheminé quelque espace avec ladite BOILLEAU fut étonnée qu'elle se vit abordée dudit de BOHAN et ses complices, armés d'épées, carabines et pistolets les uns à cheval, les autres à pied et que ledit de BOHAN lui dit qu'il y avait longtemps qu'il attendait cette occasion que ladite demoiselle Geneviève SARRUS lui avait promis le mariage et qu'il était venu pour l'emmener.
Ledit de BOHAN lui donna un coup sur le bras (pour lui faire lâcher prise car elle tenait sa jeune belle-soeur), se saisit de ladite demoiselle Geneviève SARRUS et monta à cheval. Ladite BOILLEAU et sa servante suivirent le ravisseur avec sa proie, entrèrent dans un bateau qui les attendait exprès pour passer la rivière du côté d'Auteuil et de là dans un carosse attelé de 6 chevaux (cet enlèvement eut lieu sur le midi sur le grand chemin de Paris à Saint-Cloud vis-à-vis du village d'Issy, ils s'enfuirent par Senlis, Dampmartin, La Ferté-Millon et Fismes pour se réfugier à Rocroi près de la frontière) cote 4-FM-21108 (bis, 8 ) , bibliothèque nationale, département des imprimés (plusieurs exemplaires), à la suite se trouve :
sentence de M. le prévôt de Paris ou de M. le lieutenant criminel contre Claude de BOHAN, soi-disant baron de Nanteuil, demoiselle Charlotte BOILLEAU et autres complices pour raison du rapt commis de la personne de demoiselle Geneviève SARRUS, âgée de 15 à 16 ans (par laquelle) Louis SEGUIER, chevalier, baron de Saint-Brisson, garde de la prévôté et vicomté de Paris condamne le samedi 27 novembre 1627 Claude de BOHAN à avoir la tête tranchée sur un échafaud dressé en place de Grève, les domestiques et les femmes à être pendus et étranglés ......... déclare le prétendu mariage si contracté, nul et si aucuns enfants procédant de leur fait bâtards, illégitimes et incapables d'aucunes successions, directes ou collatérales ........... et ledit jour ils ont été exécutés en effigie en tableaux mis sur des potences dressées en la place de Grève et au bout du Pont Neuf (le père de Claude de BOHAN est intervenu pour son fils disant que la demoiselle Geneviève SARRUS était consentante) note :
le texte est conforme aux pièces originales, les commentaires qui ont pour but d'apporter des éclaircissements sont en italique Un factum est un mémoire imprimé qui résume les éléments présentés par les parties devant un tribunal. La mention des couleurs de poil et barbe des domestiques les met au même rang que les vaches et chevaux que l'on distinguait de la sorte.
Eric Marchal de Salm
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