De l'utilité des surnoms en Lorraine.

marchaldesalm, mercredi 05 juillet 2006 - 18:00:00

Mon arrière-grand-père maternel, prénommé Jean Baptiste, faisait partie des quelque quatre-vingts membres connus de sa famille à porter ce prénom, qui venait du Saint patron de la paroisse de son baptême.

Evidemment cela s'étire sur plusieurs siècles, mais à chaque génération il y avait plusieurs homonymes. Comme la même chose se vérifie pour d'autres prénoms, il est très difficile de s'y retrouver parmi tous ces parents qui portaient le même nom et vivaient dans un périmètre restreint.

Pour les différencier l'usage s'établit de les affubler d'un surnom qui se transmettait dans chaque branche, comme s'il s'était agi d'un deuxième patronyme. Malheureusement ces sobriquets ne sont pas toujours connus car, en règle générale ils ne figurent pas dans les actes d'état civil. Toutefois avec un peu de chance, on parvient parfois à en découvrir la mention au hasard d'une recherche.

En ce qui concerne "mon" Jean Baptiste, j'ai la chance de connaître par les récits qu'on m'en a fait, son surnom "Champ-Bon-Dieu" qui aurait été donné à l'un de ses ancêtres qui avait "un don" et avait fait une récolte miraculeuse alors que tous ses voisins avaient vu les leurs anéanties par un fléau quelconque.

Comme mon arrière-grand-père était un peu sorcier, rebouteux et jeteur de sort, il était possible qu'en réalité ce qualificatif soit apparu avec lui. J'en découvris plus le jour où je retrouvai l'acte de décès d'une fille de son arrière-grand-père en 1800, sous l'an VIII de la république plus précisément, qui indiquait comme complément au nom du père, évidemment également prénommé Jean Baptiste, "dit Bondieu".
J'ai donc réussi à retrouver que ce surnom était déjà porté par cet ancêtre né
en 1758 et décèder en 1818 et j'en tire la conclusion que la récolte miraculeuse a eu lieu sous la révolution ou avant. Il y avait bien une légère différence entre les deux appellations, mais on y retrouvait l'essentiel. Ou bien tout simplement, l'origine était tout autre.

J'ai ainsi connu quelqu'un surnommé "Jésus" car, nourrisson, il avait tenu le rôle de l'Enfant-Jésus dans la crèche paroissiale. D'autres branches de la même famille sont connues sous d'autres dénominations, l'une d'elle "Alexandre" parce que l'aïeul portait ce prénom et ses descendants furent désignés sous ce seul nom, l'usage allant jusqu'à oublier leur patronyme initial. Le premier Alexandre avait d'ailleurs épousé une cousine de son nom, fille d'un autre Jean Baptiste.

L'important est de noter tout ce qu'on peut lire ou entendre sur tous les membres de la famille. Ces renseignements viendront ainsi enrichir la mémoire familiale et seront conservés pour les générations futures.

Eric Marchal de Salm



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