Nos ancêtres malades de la peste.
La Lorraine connut à l’époque moderne trois vagues d’épidémies de peste.
La première aux alentours de l’an 1500 n’a pas laissé beaucoup de traces, pas plus que la deuxième de 1585 à 1596.
La troisième épidémie apparut en 1627 dans la région de Lunéville et Saint-Nicolas de Port, puis s’étendit vers Pâques 1630, connut des accalmies ou des pointes pour disparaître en 1637, elle fut nommée hongroise, puis suédoise, annonciatrice des régiments qui la propageaient.
Les pestiférés étaient retirés de la communauté d’habitants. Les hôpitaux étant hors d’état de recevoir la totalité des malades, on les obligeait à vivre dans des loges ou bordes, faites sommairement avec des planches. La condition faite aux malades variait beaucoup d’un lieu à l’autre, parfois l’abandon total, parfois le secours de religieux, capucins surtout, des médecins et chirurgiens. Une fosse commune, à côtés des loges, recevait les corps, enterrés souvent sans cercueil, parfois même sans prières, en l’absence du curé, lui aussi mort ou émigré. Dans les villes des efforts étaient faits pour procurer une sépulture décente.
Mes enfants en comptent plusieurs victimes dans leur ascendance, tant maternelle que paternelle. Charles LE POIS, célèbre professeur de médecine, d’un dévouement admirable, contracta la maladie en allant soigner les pestiférés à Maréville près de Nancy et en mourut en 1632. En 1633 à Lunéville mourut Antoine COUSSON, chirurgien et sergent du bailli de Nancy – sans qu’il soit établi s’il avait été atteint par la peste – puis en 1636 disparaissaient tour à tour, tous trois victimes de l’épidémie, François GENEVAL, marchand drapier le 3 mai, sa femme Françoise MARTIN le 15 juillet, Catherine BLAISE, veuve d’Antoine COUSSON ci-dessus nommé, le 1er novembre, même jour que sa chambrière.
Les recherches sur Lunéville ont été effectuées par Marie-Odile CACLIN.
Eric Marchal de Salm
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