Les grandes lignes de l’histoire de la Lorraine (4).
La Lorraine française et son développement industriel
Intégrée à la monarchie française, la Lorraine devint un grand gouvernement, et un parlement fut créé à Nancy en 1776. Jusque vers le milieu du XIX° siècle, la Lorraine resta une région essentiellement rurale, dont le paysage avait été façonné par le système de l’assolement triennal et de l’openfield. On comptait cependant d’assez nombreuses industries locales telles que les cristalleries de Baccarat, les faïenceries de Sarreguemines, les brasseries de la région de Nancy, etc. Enfin les WENDEL, qui avaient acheté les forges d’Hayange dès 1704, pratiquaient depuis 1770 environ les procédés nouveaux de fonte du minerai de fer par le coke, au lieu du charbon traditionnel. La grande industrie moderne, fondée sur l’exploitation du sous-sol, n’a pris son essor que dans les années 1840. C’est alors que Solvay utilisa le sel pour fabriquer du bicarbonate de soude en 1843 et que le bassin houiller, prospecté dès 1815, commença d’être exploité à Forbach en 1847. L’industrie lorraine devait s’édifier surtout sur le fer, dont les deux principaux gisements se trouvaient à Nancy et dans le bassin de Longwy-Thionville-Briey. Dès le second empire, la moitié de la production de fer française provenait de la Lorraine, qui était également la première région productrice de fonte et d’acier. Après la guerre de 1870-71, qui avait été marquée en Lorraine par les batailles de Gravelotte, de Saint-Privat et de Metz, une partie de la Lorraine fut annexée à l’Allemagne et, avec l’Alsace, forma, de 1871 à 1918, la "terre d’empire" d’Alsace-Lorraine. La France perdit ainsi le bassin houiller de Forbach et les gisements de fer du bassin de Thionville ; mais la généralisation du procédé GILCHRIST-THOMAS, à partir de 1878, permit une meilleure utilisation métallurgique du minerai lorrain, qu’on appelait péjorativement "minette" en raison de sa faible teneur en fer (35 %) et de la présence de phosphore, qui rendait la fonte cassante. La reconnaissance du bassin de Briey, à la fin du XIX° siècle, permit aussi d’accroître considérablement la production. En 1914, les gisements lorrains fournissaient 85 % des 22 millions de tonnes de fer constituant l’ensemble de la production française.
Illustrée littérairement par Maurice BARRÈS, qui voyait dans sa Lorraine à la fois un "bastion de l’Est" face à l’Allemagne et une terre d’échanges entre le génie rhénan et le génie français, cette terre devint, à la fin du XIX° siècle, l’une des plus chères au nationalisme français. Durant la Première Guerre mondiale, après que la bataille de Morhange eût arrêté une offensive française initiale du 14 au 20 août 1914, les Allemands, du 24 août au 9 septembre 1914, tentèrent de pénétrer dans la trouée de Charmes puis portèrent leur principal effort sur Nancy ; mais ils furent arrêtés par l’énergique résistance de DUBAIL et de CASTELNAU, et le front se stabilisa, approximativement sur le tracé de la frontière de 1871, jusqu’à la fin des hostilités. Les troupes françaises victorieuses rentrèrent à Metz le 19 novembre 1918. Submergée par la Wehrmacht en juin 1940, la Lorraine fut reconquise par les Alliés de septembre à novembre 1944, avec la prise de Metz le 22 novembre.
(Après, c’est le déroulement des événements que chacun connaît.)
Source : dictionnaire encyclopédique d’histoire MOURRE, édition de 1996.
Eric Marchal de Salm
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